Tiers-lieux éphémères

Ø  entretiens avec David Réchatin et Yoann Duriaux, fondateurs du concept + recherche internet www.comptoir-numerique.fr, site et pages wiki des rencontres d’Autrans 2012[1] 



[1]         http://www.forum-usages.infini.fr/index.php title=Tiers_lieu_%C3%A9ph%C3%A9m%C3%A8re


Le tiers-lieu éphémère, qu’est-ce que c’est ?

Le concept

Des tiers-lieux éphémères implantés sur un territoire pour une durée courte (1 à 3 jours en moyenne), toujours dans le cadre d’un événement local. 

Historique

En 2005, l’association Zoomacom est fondée par Yoann Duriaux à Saint-Etienne. Implantée dans un pôle de ressources numériques local (PRNL), elle a pour objectif de permettre l’appropriation collective des pratiques et des usages numériques pour les mettre au service de projets économiques, sociaux et solidaires des territoires numériques qu’elle accompagne _ ceci via des formations et animations au service de collectifs et associations divers.  A cette époque Zoomacom travaille pour les Espaces Publiques Numériques (EPN) et sent que ces derniers sont voués à disparaître si on ne les ouvre pas à d’autres sujets que la pratique des TIC. L’ambition est d’élargir leur vocation à d’autres thèmes tels que l’éducation, la réinsertion professionnelle, le développement durable, afin de renforcer leur utilité sociétale.

Commence alors l’expérience des EPN itinérants. L’idée fondatrice : faire venir l’EPN aux personnes, au lieu de les faire venir à l’EPN. Par exemple, dans le cadre d’une formation aux pratiques numériques pour des détenus en préparation à la réinsertion professionnelle, Zoomacom se déplace au centre de détention pour y dispenser la formation. Très vite Yoann et David Réchatin (qui le rejoint en 2006) observent une meilleure efficacité de la formation dans ces conditions : en allant au devant des populations plutôt qu’en les faisant se déplacer sur un lieu de formation, on les implique davantage.  Les personnes accueillent les formateurs sur leur « territoire », et se sentent ainsi plus actrices de la formation.

Du succès de cette expérience qui durera deux ans, et avec la découverte du coworking et de son état d’esprit, nait le concept de Tiers-Lieux Ephémère.

En 2011, Yoann, David et Roland Niccoli (ancien de Zoomacom également) créent la société coopérative de production Openscop, spécialisée dans l’AMO de projets TIC, la formation, l’animation et le support à l’événementiel autour du numérique. La SCOP est implantée dans le Comptoir Numérique, tiers-lieu basé au cœur de Saint-Etienne rassemblant les fonctions de coworking, d’EPN et de pôle de ressources pour les acteurs publics et associatifs de Saint-Etienne et de la Loire.

Parmi ses activités, Openscop est amenée à déployer des tiers-lieux éphémères, au sein desquels sont créés des espaces de coworking, à la demande de clients variés (autorités publiques, associations…).

Objectifs

permettre de faire comprendre et s’approprier le concept de tiers-lieu, notamment de sa composante coworking, le temps d’un événement.

Ce type de dispositif permet de tester en amont l’appétence locale pour ce type de lieu, d’impliquer les citoyens et d’assurer une mobilisation locale pour un éventuel tiers-lieu permanent, voire de créer des vocations de porteurs de projet.

Les principes clés

Toujours se rattacher à un événement local

Pour bien répondre à une demande et s’assurer d’une bonne participation. L’expérience dure ainsi rarement plus de 3 jours. La participation à un événement existant permet aussi de bénéficier de ses canaux de communication.

Exemples d’évènements : Forum des usages collaboratifs de Brest, Rencontres des acteurs de l’internet d’Autrans, forum sur le journalisme citoyen à Salon de Provence, festival du livre de Mouant-Sartoux, projet MoviLab en Région PACA.

S’appuyer sur des structures existantes

Dans la mesure du possible, Openscop s’appuie sur les associations locales pour la création du tiers-lieu. Par exemple, lors des rencontres de Brest il a été fait appel à la Ressourcerie locale pour meubler le lieu éphémère. Ceci a plusieurs avantages :

  • évite de mobiliser des ressources pour déménager le mobilier,
  • coût moindre,
  • et permet aux associations locales de se faire connaître, de toucher de nouvelles populations.
Cette approche séduit également les décideurs locaux car elle valorise leur territoire.

S’assurer de l’existence locale de communautés pour co-construire

Il est très difficile pour un tiers-lieu, a fortiori éphémère, de s’implanter dans un territoire sur lequel ne pré-existent pas un minimum de communautés. Si l’on doit partir de 0, on devra déployer beaucoup d’énergie pour créer une communauté, l’échec sera alors très probable.  Aussi il est important pour tout projet de savoir identifier les communautés bien en amont, entrer en contact avec elles et les fédérer autour d’un objectif commun.

Le fait de venir sur place avec un dispositif éphémère va ensuite permettre de montrer aux acteurs locaux qu’ils peuvent créer un tiers-lieux, de s’approprier le projet, et de trouver le dénominateur commun dans leurs objectifs propres. L’expérience sert de catalyseur. Ce qui intéresse les organisateurs est de voir comment les individus arrivent à monter un projet ensemble et comment il peut en sortir un revenu, un modèle économique.

L’approche ‘opensource’

Cette approche reprend les principes du logiciel libre (ne pas refaire ce qui existe déjà, améliorer l’existant, mettre à disposition de tous...) Dans le cas des tiers-lieux éphémères, on documente ce qu’on observe (en positif comme en négatif) pour que tous puissent bénéficier de l’expérience. Les informations sur les expériences récentes seront bientôt disponibles en ligne sur le site d’Openscop.    

L’animation, vecteur clef de réussite

Problématique : comment impliquer les gens dans un lieu éphémère ?

Outre l’importance d’avoir identifié un réseau local fort, la capacité à animer le lieu s’avère déterminante. Pour cela la présence d’une ‘conciergerie’ s’avère nécessaire.  Celle-ci a pour vocation de réguler le tiers-lieu, tant sur la gestion des outils et services mis à disposition (mutualisation des biens, offre de services), que sur la gestion des individualités qui le composent. 

Le concierge / aiguilleur

Services essentiels apportés par la conciergerie

Réponses aux besoins, possibilité d'aménagement des espace, logistique pure : remise des clés, dossiers, inscriptions, réservations, charte d'usage du lieu, signalétique, propositions d'animation, troc des connaissances, mémoire des activités du tiers-lieu, stock de papeterie et petits matériels.

Profil-type du concierge et RH du tiers-lieu

La conciergerie se compose au minimum d’un « concierge » : aiguilleur, coordinateur, qui met du liant entre les différentes composantes du tiers-lieux et les différents participants, afin de favoriser l’émergence de synergies.

 

Le concierge a un rôle fondamental pour la réussite d’un tiers-lieu : il permet aux rencontres de se faire, impulse, et est au service des coworkers à chaque instant. Dans le cas d’un lieu permanent, il s’avère être aussi fondamental pour le lien avec le territoire. Il doit en effet être en veille active et permanente, à l’écoute du territoire et son ambassadeur.


Rôles clefs

accueil, mutualisation, intendance, orientation, aiguillage, soutien / encouragement, ressources, café / thé.


Qualités requises

bienveillance, attention au détail, écoute, débrouillardise discrétion, connaissance des besoins de son public/coworkers, connaissance de son territoire et de ses acteurs, capacité à valoriser les compétences, trouver/créer des synergies, remotiver les troupes => un facilitateur

S’y ajoutera une personne par animation / composante capable de renseigner le public sur son domaine de compétences (consommation collaborative, fablab, médiation numérique). Dans la mesure du possible on s’appuiera pour cela sur des ressources locales.

Le tiers lieu est à la croisée entre le secteur privé (via notamment les indépendants et entrepreneurs qui y coworkent), et le secteur public (via notamment son soutien financier). Par sa connaissance du territoire, et de ces coworkers, la conciergerie du tiers lieu a la faculté de connecter l'activité des coworkers avec des actions de développement territorial.     

Une journée type du « concierge/ médiateur / animateur »

  • 8h30 à 9h : ouverture et mise en place du tiers-lieu (affichages et aspect général)
  • 9h à 10h : permanence pour l'assistance aux coworkers (renseignements, conseils, inscriptions...)
  • 11h30 à 12h : appel général des commandes (repas, réservations, transports...)
  • 13h30 à 14h : tour du tiers lieu (mise en place, propreté, programmation...)
  • 17h à 18h : permanence pour l'assistance aux coworkers (renseignements, conseils, inscriptions...)
  • 18h à 18h30 : fermeture et préparation pour la journée du lendemain (programmation et réservation)    

Les composantes d’un tiers-lieux éphémère

Comme dans un tiers-lieu permanent, on peut, à côté de l’espace coworking, retrouver de multiples composantes sur un tiers-lieu éphémère : Fablab, medias citoyens (ex : open plateau avec des mini-débats en mettant autour de la table élu local, chef d’entreprise, responsable local etc..), EPN… L’objectif global du lieu étant de créer des rencontres improbables et d’animer la discussion.

Exemple des Rencontres d’Autrans

En conclusion

Pour réaliser un tiers-lieu éphémère, peu de matériel est nécessaire : un peu de mobilier (si possible local), une bonne connexion internet, quelques ordinateurs, tablettes et écrans TV. L’essentiel est apporté par les personnes présentes et leur volonté d’échanger et de se rencontrer.

Les principes clefs du succès d’un tiers-lieu éphémère peuvent pour beaucoup inspirer un projet de tiers-lieu permanent. Le tiers-lieu peut être un moyen de ramener du service public en milieu rural.

Une production de www.acidd.com

Soutient ce projet
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Interviews 20/12/12

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Coop-connect - Tiers-lieux ruraux en PACA
Pré-étude Coop-connect JG 121231 web.pdf
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