> entretien avec Xavier de Mazenod, initiateur du réseau de l’Orne et responsable du télécentre de Boitron + recherches
Le tiers-lieu de Boitron a ouvert ses portes en septembre 2010.
L’initiateur du projet est M. Xavier de Mazenod, fondateur du site et réseau social expert du télétravail Zevillage.net.
Le porteur est la Commune de Boitron.
De 2004 à 2007, dans le cadre de la définition de la politique d’accueil du Canton, le laboratoire d’accueil de Zevillage démontre qu’on peut attirer de nouveaux habitants sur le territoire par le télétravail. Sans budget ni structure dédiée, l’expérience parvient à convaincre 6 familles de s’y implanter.
En 2008, partant de ce constat, Xavier de Mazenod sollicite le Conseil Général de l’Orne et défend l’idée de la création d’un réseau de tiers-lieux dans le département pour soutenir la politique d’accueil, en insistant sur la nécessité d’équiper ces mêmes lieux de Très Haut Débit.
Le projet de réseau « Nom@des100 » prend forme en 2010. Objectif : soutenir la création de 10 télécentres en 3 ans, avec un investissement maximum par le Département de 40K€ par télécentre. La Région s’engage sur l’équipement Très Haut Débit. Un appel à projets est lancé.
Dans ce cadre, Xavier de Mazenod décide d’ouvrir un télécentre à Boitron. La force du projet est que grâce au réseau Zevillage et à la participation de Xavier à plusieurs travaux sur le télétravail et les télécentres, une communauté est déjà créée autour du télécentre avant même son ouverture (mailing-liste et rencontres une fois par mois). Cet argument apporte une légitimité lorsque Xavier doit présenter le projet au Conseil Général.
La gestion est assurée par l’association 1901 « Boitron Très Haut Débit », créée pour l’occasion. Celle-ci se compose de Xavier, 2 conseillers municipaux et des utilisateurs du centre.
Le lieu est entièrement autogéré, dans une petite communauté qui se connaît (esprit « coloc » plus que télécentre classique). Il n’y a pas de permanence à l’accueil, chaque membre inscrit a sa clef pour utiliser l’espace à l’horaire qui lui convient et est responsabilisé pour laisser un espace propre derrière lui.
Le télécentre est situé à Boitron (61500) au centre du bourg, près de la Mairie.
Boitron est un village de 330 habitants assez dynamique puisqu’il a accueilli 100 nouveaux habitants en 8 ans. Ceci est lié à plusieurs facteurs :
Xavier souligne également l’influence d’un maire jeune et dynamique, ouvert aux projets des micro-entreprises et artisans locaux.
Le local appartient à la Commune et est mis à disposition de l’association gratuitement. Il s’agit de l’ancienne école, bâtiment des années 60 qui abritait une classe unique.
La Mairie a pris en charge la restauration du lieu (carrelage refait, peinture, câblage, extérieurs) ainsi que l’achat d’un vidéo-projecteur et de 6 ordinateurs portables, à hauteur de 15K€. Le Conseil général a également apporté une aide de 10K€ pour l’aménagement (réalisé avec du mobilier peu cher ou récupéré).
Le raccordement au Très Haut Débit (par faisceau hertzien) a été payé intégralement par la Région, à hauteur de 55K€.
Nombre, fonction et surface des pièces (ordres de grandeur) :
En milieu rural, les usagers de télécentres sont actuellement essentiellement des indépendants. Les télécentres misant sur un afflux de salariés d’entreprises échouent.
Réservation / planning en ligne : Un agenda partagé Google permet à chacun de vérifier la disponibilité de l’espace.
Quelques utilisateurs au départ (communauté de base) : communauté créée par Xavier autour de Zevillage + personnes du département informées par le bouche à oreille et venues naturellement.
Communication :
Le télécentre a son site web, il est également présent sur le site de la commune, et bientôt sera lancé un site pour le
réseau des télécentres Nom@des100.
Des flyers seront bientôt envoyés à une centaine d’entreprises pour promouvoir le Très Haut Débit et la possibilité de louer
la salle (100 €/ journée)
manifestations ponctuelles qui en font un lieu de vie utile à la commune et au département. L’objectif de ces animations est à la fois de faire connaître le centre mais aussi de rendre un service public, compte tenu du fait que le lieu existe grâce à l’argent public. « Le succès d’un télécentre ne se mesure pas aux nombres d’abonnés mais au nombre de personnes à qui l’on rend service ».
Exemples d’animations :
· Expositions photos
· Formation bénévole avec l’association « Familles Rurales » pour les enfants et adolescents sur l’usage du web et des réseaux sociaux
· Formation des agriculteurs à la gestion en ligne de la PAC
· Espace de jeux vidéos en ligne pour les enfants le week-end
· Elections présidentielles : le télécentre a abrité un bureau de vote.
Projets à venir :
· Bibliothèque partagée de livres techniques
· Journées portes ouvertes
Le télécentre tisse également des liens avec les entreprises locales : deux frères charcutiers / traiteurs installés au village réalisent des plateaux repas en cas de formation ou location par une entreprise. Un projet de séminaires pour dirigeants pourrait être développé avec le château voisin, qui hébergerait dans ses chambres d’hôtes, tandis que les formations auraient lieu au télécentre.
Enfin, entre les abonnés, l’esprit coworking développe le lien et crée de la convivialité : l’association se réunit régulièrement, des dîners sont organisés, mais aussi des formations
pendant lesquelles un membre partage son savoir faire avec les autres.
Lancé en 2010, le projet de réseau « Nom@des100 » vise à soutenir la création de 10 télécentres sur le département, avec un investissement maximum par le Département de l’Orne de 40K€ par télécentre. Sous condition de labellisation du projet, la Région s’engage à financer l’équipement Très Haut Débit du télécentre.
Pour être labellisé Nom@des100 chaque projet est évalué par une commission composée de représentants du Département (Conseil Général, Comité d’expansion…), de la Région, de la Préfecture de Région (TIC), du réseau de Cantines Numériques et de Xavier de Mazenod.
Les critères d’évaluation sont : réalité du projet (vérifier qu’il ne s’agit pas de profiter à court terme d’une subvention publique), business plan, territoire d’implantation (éviter la cannibalisation entre deux télécentres trop proches l’un de l’autre).
Le Département et la Région, bien que de sensibilités politiques différentes, travaillent très bien ensemble sur ce projet.
Les porteurs de projets sont de profils variés : communautés de communes, commune, consulaires, particulier / micro-entreprise … A ce jour 9 projets sont labellisés, 5 télécentres sont effectivement ouverts, et les autres devraient voir le jour en 2013.
Un site web dédié présentera bientôt l’ensemble du réseau. Des animations communes sont développées pour créer une communauté. Par exemple : retransmission en visio d’une conférence/petit-déjeuner donnée dans un des télécentres.
Le coût total pour le Département est de 300 K€ car tous les télécentres n’ont pas utilisé le maximum de subvention de 40 K€.